Bases physiologique de l'entraînement |
---|
L'analyse d'un entraînement apparaît infiniment complexe
et toute tentative de schématisation ne constitue souvent qu'une approche très
imparfaite des mécanismes physiologiques mis en jeu, d'autant plus que s'y
incorporent les réactions individuelles d'adaptation qui varient d'un individu
à un autre et qui ne sont pas toujours prévisibles.
Les qualités physiologiques dépendent de la spécialité préparée. Jusqu'à
présent, ces spécialités étaient répertoriées en vitesse, force,
endurance, résistance. Or la physiologie nous apprend que certaines de ces spécialités
se recoupent en un certain nombre de processus biochimiques.
C'est pourquoi on classe les activités physiques des
entraînements selon les mécanismes physiologiques impliqués.
- efforts courts, explosifs utilisant la dégradation du phosphagène, mais sans
production d'acide lactique: processus anaérobies alactiques.
- efforts un peu plus longs (15 s à 3 mn) et un peu moins intense utilisant la
dégradation du glycogène et aboutissant à une nette augmentation de la
lactacidémie: processus anaérobies lactiques.
- efforts prolongés au-delà de 3 mn, métabolisant sucres et graisses
alimentaires pour atteindre un état d'équilibre dans lequel l'oxygène couvre
intégralement les besoins: processus aérobies.
I. Puissance et capacité
Ces deux termes désignent des caractéristiques
fondamentales du fonctionnement des filières énergétiques. Il est donc utile
de les préciser.
La puissance respecte la disponibilité de la filière
concernée. Elle s'exprime en kilojoules. On utilise souvent l'image d'une
bouteille d'où s'écoule un liquide. Le goulot représente alors la puissance,
c'est à dire le débit pouvant s'écouler dans l'unité de temps. On connaît
les facteurs limitant de chacune des filières:
- pour l'anaérobique alactique la puissance dépend de la teneur en ATP et de
la quantité d'enzymes ATPase.
- pour l'anaérobique lactique la puissance dépend de la teneur en enzymes
glycolytiques.
- pour l'aérobique la puissance est tributaire de la teneur en enzymes
oxydatifs des fibres musculaires striées d'une part, et du débit cardiaque
d'autre part.
La capacité est représentée par le temps pendant lequel
la filière énergétique considérée peut fonctionner. On prend généralement
la référence de la pleine puissance. Dans la comparaison avec la bouteille, la
capacité peut s'assimiler au volume de la bouteille.
Comme pour la puissance, la capacité a ses facteurs
limitant:
- pour le système anaérobique alactique, la capacité dépend de la quantité
de créatine phosphate du muscle strié.
- pour la filière anaérobique lactique, la capacité dépend de l'importance
et l'efficacité des systèmes tampons (neutralisateurs des ions H+ de l'acide
lactique).
- la capacité du système anaérobique dépend de nombreux facteurs. Ces
facteurs sont: taux de glycogène musculaire et hépathique, utilisation préférentielle
des lipides, capacité de thermolyse (température et déshydratation).
L'entraînement cherchera par diverse technique a améliorer chacune de ces qualités: puissance et capacité. Les effets produits sur l'organisme seront donc, soit une situation du système enzymatique qui catalyse les réaction incriminées, soit une stimulation de la synthèse des substances énergétiques.
II. Mécanismes physiologiques de l'entraînement.
La resynthèse permanente de l'ATP est indispensable pour
la continuation de toute activité musculaire. Ce processus se fait au cours du
travail musculaire lui-même selon les processus propres à chacune des filières.
A l'arrêt de l'exercice les processus de resynthèse continuent de fonctionner
un certain temps permettant au taux d'atp d'atteindre un taux supérieur au taux
de départ. C'est le processus dit de surcompensation, phénomène très
général des réactions de l'organisme. Ce phénomène s'applique aussi à la réserve
de créatine phosphate, aux glycogène, aux lipides, etc. De même, est induite
une synthèse protéique de nouveaux enzymes.
Après le phénomène de surcompensation, si aucune nouvelle sollicitation ne
survient, on voit décroître de nouveau les valeurs pour revenir
progressivement à la teneur initiale. Les délais pour atteindre le taux de
resynthèse maxima sont variables pour chaque substance. Ils sont d'autant plus
long que le délai d'intervention du substrat est plus tardif dans le travail
musculaire.Ils dépendent également de la durée de l'exercice et de son
intensité.
Entraîner un sujet, c'est répéter un exercice musculaire
pour améliorer ses potentialités de départ. Cette répétition doit tenir
compte du phénomène de surcompensation et bien entendu du système que l'on désire
améliorer.
- Un exercice répété au moment de l'acmé de la surcompensation induit une
augmentation progressive des composés énergétiques disponibles. C'est le
principe des séances de gain.
- Un exercice répété après le fin de la période de surcompensation
n'induira aucun accroissement des potentialités. C'est le principe des séances
d'entretien.
- Un exercice répété alors qu'il existe encore un déficit plus ou moins
important des réserves énergétiques va induire progressivement un épuisement
des stocks. Si dans ces conditions on laisse au sujet un temps de repos
suffisant, on constate la constitution d'une surcompensation à un taux très
supérieur et que l'on qualifie de supercompensation.
L'entraînement est donc constitué par un certain nombre de
combinaisons de séances ayant des impacts différents et qui ont pour objectifs
le développement des potentialité énergétiques du sujet. Compte tenu de ces
données, passant de la théorie à la pratique, du laboratoire au terrain, nous
pouvons dans chaque domaine métabolique choisir les exercices en fonction de
leur action favorable sur la puissance maximale ou sur la capacité.
1) Amélioration des processus anaérobiques alactiques
Puissance. L'effort doit atteindre une intensité
maximum pour solliciter l'ensemble du système enzymatique. Il doit être court
(4 à 7 secondes) pour ne mettre en jeu que le système alactique. Il doit être
suivi d'une récupération longue car celle-ci doit être complète et cette récupération
doit être passive. Il doit être répété au sein de séries (3 à 4 répétitions
par série, 3 à 5 série par exercices).
Capacité. L'effort doit avoir une intensité maxima
pour solliciter toutes les réserves énergétiques. La durée doit être
suffisante pour que le stock de créatine phosphate soit entièrement consommé
maos pas trop longue pour ne pas faire intervenir d'autres filières énergétiques.
L'effort doit être répété au sein de série courtes avec des temps de récupération.
2) Amélioration des processus anaérobiques lactiques
Puissance. L'intensité doit être proche du
maximum pour solliciter à plein le système anaérobique glycolitique. Le système
aérobique, plus inerte, ne sera solliciter que partiellement et modérément.
Les récupération, incomplètes, seront néanmoins calculées pour que l'effort
suivant ait une intensité suffisante. La récupération doit être passive pour
ne pas solliciter le système aérobique. L'effort dure 20 à 40 secondes,
constituant 6 à 8 répétitions, au sein de 3 à 4 séries.
Capacité. L'intensité doit être suffisante pour
solliciter le système énergétique anaérobique lactique donc très proche du
maximum. La durée est plus longue (1 à 3 minutes) pour que la production
d'acide lactique soit la plus grande possible. La récupération sera incomplète
(ne pas attendre une trop grande résorption de cet acide lactique) et passive
pour que les phénomènes aérobiques n'en facilitent pas la métabolisation.
L'effort est répété 6 à 8 répétition au cours de la série.
3) Amélioration des processus aérobiques
Puissance. L'intensité doit être celle de la VO²
max., donc utilisation à pleine puissance du système enzymatique oxydatif. Supérieure,
elle mettrait en jeu les processus anaérobique lactiques, ce qui n'est pas
souhaitable. La durée varie selon les techniques. La récupération doit être
active pour métaboliser le plus possible les lactates formés durant
l'exercice. L'effort doit être répété 10 à 30 répétitions selon la durée
de l'effort choisi.
Capacité. L'intensité est sous-maximale (70 à 90 %
de la puissance maximale ou VO² max.) et la durée est maintenue aussi
longtemps que la stabilité du processus physiologique le permet. Ces règles générales
doivent bien-entendu s'adapter à chaque cas particulier.
Règles à respecter:
Pour développer une qualité, 2 à 3 séances par semaines sont nécessaires.
Pour entretenir une qualité, une séance par semaine suffit. Les processus anaérobies
lactiques et aérobies sont antagonistes, le développement de l'un abaissant
l'efficacité de l'autre.